Fouiller dans la bibliothèque du couvent des capucins

Le site Couvent des capucins d'Innsbruck est le plus ancien d'Autriche, d'Allemagne et du Tyrol du Sud. Et il abrite la bibliothèque provinciale de la province autrichienne des capucins. La Bibliothèque du couvent des capucins est ainsi la bibliothèque centrale de l'Ordre en Autriche-Tyrol du Sud

Un an seulement après le début de la construction, les premiers membres de l'ordre s'y installèrent le 18 décembre 1594. Quelques années plus tard, un agrandissement fut réalisé afin d'y installer une bibliothèque. Avec l'élévation au rang de monastère d'études en 1615, la bibliothèque s'est considérablement agrandie.

Pour visiter la bibliothèque, les personnes extérieures se présentent au portier et sont prises en charge par le bibliothécaire provincial Manfred Massani. Tout ce qui est bruyant et agité reste à l'extérieur, un silence agréable vous entoure. Les capucins se sont voués à une vie simple dans la foi, leur aile est séparée des zones accessibles au public comme la bibliothèque.

Comme les capucins se considéraient (et se considèrent toujours) comme des pasteurs populaires, les ouvrages de prédication, la littérature de piété, la littérature spécialisée dans l'histoire de l'Eglise, les écrits juridiques et moraux étaient au centre de leurs préoccupations. Mais les capucins collectionnaient également la littérature profane, les romans, les livres d'édification, les drames et la poésie. Car ils voulaient savoir ce que les gens lisaient, comme le souligne Massani. Avec sa collègue Miriam Trojer, il propose des visites guidées ainsi que des ateliers pour les écoles, les jeunes et les adultes.

Si de nombreux livres ont pu être achetés très tôt, c'est grâce à l'archiduc Maximilien III, dit le Grand Maître. surnommé le "maître allemand". Régent du pays de 1602 à 1618, il soutint activement le monastère et émit un "ordre de la chambre" selon lequel les frais de livres achetés devaient être pris en charge. En 1623, le monastère reçut son propre bibliothécaire.

De plus, on y trouve les fonds de livres d'autres monastères, comme Kitzbühel, Klagenfurt ou Gmunden. Comme d'autres, la bibliothèque des capucins avait aussi une "armoire à poison" avec des livres qui, en raison de leur contenu, restaient sous clé et n'étaient accessibles qu'aux professeurs. Aujourd'hui, cette règle n'est plus aussi stricte, sourit Massani.

Les visiteurs peuvent certes fouiller en ligne (environ 78.000 livres y sont répertoriés), mais une promenade dans les locaux de la bibliothèque fait battre le cœur de tout amoureux des livres. Le simple fait de parcourir les étagères est un plaisir et permet d'en apprendre beaucoup sur l'histoire des capucins, qui ont été envoyés en mission dans toutes les parties du monde.

Les frères de l'Ordre apprenaient la langue des autochtones et s'intéressaient à la culture des pays, comme en témoignent les dictionnaires et les ouvrages d'histoire locale. Les visiteurs devraient accorder une attention particulière aux reliures des livres anciens. Ils découvriront ainsi que l'idée de recyclage n'est pas une invention d'aujourd'hui. Les anciennes partitions musicales ont rendu de précieux services en tant que reliures.

Les incunables font partie des collections les plus précieuses. C'est ainsi que l'on appelle tous les écrits imprimés qui ont vu le jour jusqu'en 1500, c'est-à-dire au cours des 50 premières années de l'imprimerie. Leur présentation, leur typographie et leurs illustrations s'inspirent encore fortement des manuscrits du Moyen-Âge. Manfred Massani aime sortir des archives des incunables particulièrement beaux et raconter leur histoire.

Le livre "Schatzbehalter der wahren Reichtümer des Heils" du prédicateur franciscain Stephan Fridolin est un véritable trésor. Ce que la reliure ne laisse pas supposer, puisque les couvertures sont en carton ou en papier. "De telles couvertures protégeaient par exemple les ouvrages anciens de la mainmise des nazis, qui fouillaient systématiquement les bibliothèques à la recherche de biens culturels précieux et classaient les contenus comme peu précieux sur la base de ces couvertures", explique Massani.

Le "Porte-Trésor" est orné de 96 gravures sur bois à pleine page. Celles-ci ont été réalisées par Michael Wolgemut et de Wilhelm Pleyenwurff, auprès de qui Albrecht Dürer a effectué son apprentissage. "On peut supposer que Dürer a collaboré à ces illustrations", raconte Massani, tout en feuilletant prudemment le livre, en attirant l'attention sur des caractéristiques particulières et des motifs isolés.

Voir en vrai des livres aussi magnifiquement illustrés n'est qu'une des nombreuses raisons de visiter la bibliothèque des capucins à Innsbruck. Manfred Massani vous fait découvrir les particularités de la bibliothèque, vous montre des écrits précieux et sait raconter de nombreuses anecdotes et détails sur l'histoire du couvent, sur la vie du couvent.

Bibliothèque centrale des capucins
Kaiserjägerstraße 6
6020 Innsbruck
Contact : Manfred Massani, bibliothécaire provincial
Tél. +43 512 584914-27
Mail : manfred.massani@kapuziner.at
www.kapuziner.at
Des informations actuelles sur les heures d'ouverture et les mesures de protection Corona nécessaires se trouvent sur www.kapuziner.at/oeffnung

Outre la bibliothèque des Capucins, toute une série d'autres bibliothèques passionnantes vous invitent à faire des recherches et à fouiller, comme par exemple la bibliothèque universitaire et régionale du Tyrol ou les archives de la ville d'Innsbruck. Ma collègue blogueuse Verena Abenthung a rédigé ici un superbe article sur la bibliothèque du musée régional du Tyrol Ferdinandeum. Pour plus d'informations sur d'autres institutions culturelles, voir innsbruck.info

Photos, sauf indication contraire : © Susanne Gurschler