Enfin ! Un demi-millénaire après la construction de notre emblème mondialement connu, le brouillard semble se dissiper sur les derniers détails mystérieux du Goldener Dachl. L’année dernière, à l’occasion du 500e anniversaire de la mort de Maximilien, la célèbre chercheuse sur Maximilien , Dr Sabine Weiss, a résolu l’avant-dernière énigme : qui était le « saltimbanque aux oreilles d’âne » représenté sur l’un des reliefs du Goldener Dachl ? C’était l’empereur Frédéric III, que son fils Maximilien avait fait représenter en costume de bouffon.
. ©Werner KräutlerVient maintenant le coup suivant, beaucoup plus difficile : l’énigme de cette bande d’écriture composée de signes apparemment incohérents et surtout mystérieux. Jusqu’à présent, une seule chose était claire comme de l’eau de roche : l’idée devait venir de Sa Majesté elle-même
UNE FOULE DE SPÉCIALISTES DES SIGNES ET DE L’ÉCRITURE ONT ÉCHOUÉ
Les célèbres reliefs représentant des danseurs morisques aux mouvements apparemment anguleux ont pu garder leur secret jusqu’à présent. Des cohortes entières de scientifiques, de chercheurs en antiquité, d’écrivains et de scribes ont tenté de décoder la bande d’écriture qui relie quasiment les reliefs. Même une action de grande envergure de notre écrivain tyrolien Felix Mitterer, qui a tenté une ‘traduction lyrique’, n’a donné aucun résultat tangible. Au premier coup d’œil, les signes sont supposés être d’origine hébraïque. Une étude de la présidente des communautés israélites du Tyrol et du Vorarlberg, Dr Esther Fritsch, avait déjà confirmé il y a quelques années qu’ils n’en étaient nullement.
Un historien de l’Außerfern présente aujourd’hui la solution de l’énigme. Son nom : Erhard Maroschek. Ce Styrien d’origine est historien et germaniste de formation. Depuis des décennies, il vit avec sa femme Waltraud à Lermoos, au pied de la majestueuse Zugspitze, où il exerce son métier de comptable de la commune de Lermoos ( ). Son hobby est cependant très exclusif : il est fasciné par les écritures anciennes, les signes énigmatiques, les symboles secrets et les rubans cachés comme la banderole du Goldenen Dachl.
Il semble qu’il ait réussi à faire ce que l’on croyait impossible depuis 520 ans. Car Maroschek a une solution à proposer, qui est tout à fait cohérente dans le contexte médiéval. Et qui donnerait un nouvel éclat à la signification profonde des bardeaux dorés. En tant que profane complet dans ce domaine, il ne me reste qu’une seule possibilité : accepter ou non sa résolution. En une phrase : je pense que Maroschek a trouvé la solution. Qui correspond parfaitement à la vision du monde de l’empereur Maximilien de l’époque, ‘maître d’œuvre’ du Goldener Dachl.
20 ANS DE DEVINETTES : COMMENT TOUT A COMMENCÉ
C’est le professeur Maroschek qui a suscité l’intérêt pour l’histoire Hermann Wiesflecker. Mais c’est l’artiste et sculpteur Josef Kieltrunk de Heiterwang, originaire de l’Außerfern, qui m’a parlé de la banderole du toit doré, bien après mes études dans les années 90″, me raconte Erhard Maroschek. L’artiste a été persévérant, « pendant des années » dit-il. Lorsqu’il est apparu clairement que les lettres de la bande n’étaient pas des caractères hébraïques, ce passionné d’écriture et de signes a décidé de s’attaquer résolument à cette tâche épineuse. C’est alors que commença un de plusieurs années d’énigmes, de réflexions et de combinaisons en matière de bande d’écriture.
Signes magiques, écritures secrètes et devinettes textuelles
Il savait que l’époque des années 1500 est marquée par l’exploration des écritures anciennes, l’amour des carrés magiques, des écritures secrètes et des énigmes. C’est d’ailleurs au milieu de ce méli-mélo que se trouvent Albrecht Dürer et Léonard de VinciLes auteurs de l’époque, qui penchaient trop souvent pour les signes cryptés et les symboles mystérieux. De plus, on venait d’inventer l’imprimerie, qui était elle-même fortement liée à l’écriture et à la forme. C’est précisément à cette époque, lorsque Niclas Türing vers 1500, des signes mystiques et secrets fêtaient pour ainsi dire leur naissance.
« La banderole a une longue tradition en tant qu’accessoire décoratif », m’explique Maroschek. « Souvent, on présentait aux spectateurs qui ne savaient pas lire des personnages avec leurs attributs, comme par exemple Pierre avec la clé » Alors que les alphabétisés pouvaient facilement lire les inscriptions des rubans. C’est précisément ce qui ne s’est pas produit sur le Goldener Dachl. Et il y avait des raisons à cela.
De la ‘prise’ du fil rouge
Mais comment peut-on avoir une vague idée de ce qui pourrait être écrit sur le Goldener Dachl ? En d’autres termes, comment trouver, en tâtonnant dans l’obscurité, le fil rouge qui mène au but. Maroschek : « Dans l’épigraphie ». C’est la science de la recherche d’anciennes inscriptions. Un vieil ouvrage extrêmement utile s’est toujours révélé être un point de départ pour les énigmes, dit-il : le « Lexicon Abbreviaturarum » d’Adriano Capelli, datant de 1928. Il ne lui restait plus qu’à se poser les bonnes questions
« La première question importante est de savoir si le texte va de gauche à droite ou inversement », me dit le dessinateur tyrolien pour me donner une petite leçon de décryptage. Il devait ensuite déterminer s’il y avait des signes utilisés en rapport avec des symboles de l’alchimie, de l’astronomie ou de la franc-maçonnerie. « Les symboles astronomiques entraient également en ligne de compte », m’explique-t-il. Par exemple, un signe rappelle certes le signe astronomique pour Saturne, mais il s’agissait d’un signe souvent utilisé au Moyen-Âge pour représenter le H.
Et puis, il y a aussi le problème des abréviations. Un véritable casse-tête. En effet, au Moyen Âge, il était courant et normal d’utiliser des abréviations. Un petit exemple : pour le mot « ET », on utilise encore aujourd’hui le signe « & ». En fait, il s’agit d’une abréviation graphique du mot « ET ». Maroschek s’est vite rendu compte d’une chose : pour la banderole Dachl, les abréviations étaient totalement exclues.
Depuis quelle position le texte devait-il être lu ?
Il s’agit ensuite de choisir le bon point de vue à partir duquel la banderole peut être lue. Serait-il concevable que la banderole ne puisse être lue que par ceux qui se trouvaient dans la loge du Goldener Dachl et qui regardaient vers le bas sur la place ? Dans ce cas, les signes ne devraient pas être vraiment lisibles pour les observateurs d’en bas, puisqu’ils seraient à l’envers. Et c’est précisément le cas pour certains mots. Mais nous y reviendrons plus tard
Un danseur morisque révèle-t-il le début du texte ?
Ensuite, la question : est-ce une langue connue dans laquelle le volume est rédigé ? Maroschek a très vite été certain qu’il s’agissait d’un texte latin. Il avait bien sûr une certaine expérience et le sentiment que les lettres découpées artificiellement se trouvaient même à la tête. Le point décisif était maintenant le début du texte qu’il fallait trouver
Il remarqua alors la figure d’un danseur morisque qui pointait directement une lettre avec son index tendu. Était-ce le début du texte ?
Et effectivement. La chaîne de caractères ressemble à un oméga, un gamma et un E renversé et aminci, c’est-à-dire « OGE ». Cela a été plus facile parce que les chercheurs avaient, Dieu merci, exclu l’hébreu », dit Maroschek en riant. Mais il était certain d’avoir trouvé le début du ‘fil rouge’ du texte.
A cela s’ajoutaient différents signes qui rappelaient un X. Maroschek s’est alors considérablement rapproché de l’affaire : outre le fait de pointer du doigt la combinaison OGE, il y avait ensuite LXU. « Ces deux mots ne figurent pas dans le dictionnaire de latin », dit-il en riant. « Mais il pouvait s’agir d’EGO LUX ». C’était la moitié du chemin et la percée vers le décodage du texte
Si l’on se tourne maintenant vers Google et que l’on tape les deux mots « ego lux », on obtient la solution : une page s’affiche, qui reproduit le texte d’un choral grégorien. Ce texte est tiré de l’évangile de Jean, chapitre 8, verset 12:
« EGO SUM LUX MUNDI QUI SEQUITUR ME NON AMBULABIT IN TENEBRIS SED HABEBIT LUCEM VITAE DICIT DOMINUS »
(Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit n’errera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie, dit le Seigneur)
Ce sont donc les deux petits mots EGO et LUX qui se sont révélés être la clé appropriée pour ouvrir ce dernier compartiment secret du Goldener Dachl. « Le texte s’est ensuite imposé presque par magie », raconte Maroschek, rayonnant. « Il ne restait plus que le SUM et un peu de MUNDI ainsi que quelques restes pour être sûr. Même l’HABEBIT s’est effeuillé sous les yeux inquisiteurs de Maroschek. Son hypothèse de départ était ainsi confirmée.
Les danseurs morisques semblent danser le texte
Il est également intéressant de supposer que le texte a été adapté d’une manière ou d’une autre aux danseurs (ou les danseurs au texte). Les sens de lecture changeants et les fréquentes torsions des lettres s’harmonisent assez bien avec les figures d’accompagnement dansantes. La question de savoir quel est le rapport entre le texte et les figures serait une autre tâche extrêmement passionnante pour les scientifiques et les sculpteurs.
« La question finale de savoir s’il s’agissait d’une écriture secrète intentionnelle est en fait sans réponse », déclare Maroschek. En effet, à l’époque de sa création, une grande partie du peuple ne savait absolument pas lire et écrire. Une écriture aurait donc été dans tous les cas illisible pour le peuple. Avec ou sans altération
L’or du Dachl : un symbole du divin
J’aimerais encore ajouter ceci : mon étude désormais intensive de l’empereur Maximilien ne me fait plus douter de l’interprétation de la banderole par Maroschek. Car la religion a joué un rôle central dans la vie du ‘Dernier Chevalier’. Il savait et était toujours conscient que sa vie était entre les mains de Dieu. C’est pourquoi il assistait chaque jour à l’office religieux et, lors de ses voyages, se faisait dire la messe par un prêtre sur un autel porteur. Toute autre citation que celle de la Bible sur le Goldener Dachl aurait certainement été déplacée pour l’empereur. Peut-être voulait-il éviter les difficultés avec l’Église. En effet, de telles citations peintes n’étaient normalement autorisées que dans les bâtiments ecclésiastiques. Et donc, même les clercs érudits ne pouvaient pas la lire
Ce qui me fascine : Les briques dorées ne symbolisaient pas seulement pour lui le divin. Elles reflètent également cette lumière dans laquelle il voulait et pouvait se prélasser en tant qu’empereur.
Pour moi, le décryptage de la banderole du Goldener Dachl est un autre élément important pour expliquer historiquement la pensée et l’action de l’empereur Maximilien Ier. J’ai un profond respect pour la performance d’Erhard Maroschek.
Il explique ici comment il a résolu l’énigme : La banderole sur le toit doré
Erhard Maroschek a une mission pour tous ceux qui souhaitent jouer les ‘décodeurs’ : quel texte est formulé ici ? Répondez dans les commentaires.
D’autres blog posts de moi sur l’empereur Maximilien et le Goldene Dachl :
Découverte d’un chieur de gorge sur le Goldener Dachl
« Je ne veux pas être oublié avec le son de la cloche »
L’empereur Maximilien, un génie médiéval des relations publiques
Le Martinswand, où l’empereur Max se tenait au bord de sa tombe
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Bénévole dans ferme de montagne dans le cadre du projet « Schule der Alm – L’école de l’alpage », pèlerin culturel, passionné du Tyrol, fan d’Innsbruck.
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