Via le Pfaffensteig vers Ampass et le lac Herzsee

Le sentier des chanoines. Quel nom de rue ! Au cours de mes recherches sur le chef-d'œuvre de Bruegel 'Chasseurs dans la neige', je suis tombé sur ce chemin dont le nom ne pouvait que me sauter aux yeux en tant que pèlerin. Le sentier se trouve au sud de la ville, pratiquement au pied du château d'Ambras. C'est de là, j'en suis intimement persuadé, que le maître Pieter Bruegel l'Ancien avait fait des croquis. A réalisé des esquisses et développé les idées de conception pour son tableau d'hiver emblématique. J'ai fait part de mes recherches dans ce blog.

Mais ce qui m'intéressait maintenant, c'était de savoir si des prêtres, autrefois appelés 'curés' de manière plutôt péjorative, avaient vraiment marché sur ce sentier D'où, pourquoi et où sont-ils "montés" ? Peut-être était-ce même l'ancien tracé de la voie romaine ? Autant de questions qui nécessitent une enquête sur place. Je me suis donc mis en route. Et comme j'aime joindre l'utile à l'agréable en de telles occasions, j'ai prévu d'ajouter une randonnée gourmande à mes explorations historiques sur place. Puisque je suis à Ampass, je voulais aussi me rendre au lac Herzsee, peu connu. Vous trouverez mes conseils de randonnée à la fin de ce blog.

Avant d'entamer mes recherches historiques, j'ai l'habitude de faire des recherches dans les bibliothèques d'Innsbruck. Dans ce cas, les historiens sont plus ou moins d'accord : une voie romaine devait mener de Wilten à l'actuelle Ampass en passant par Amras et Egerdach. La liaison entre Ampass et Aldrans, aujourd'hui improprement appelée "voie romaine", est plus récente et était la "route du sel" sur laquelle le précieux produit était autrefois transporté de Hall vers le Brenner. A l'époque romaine, il s'agissait d'un simple sentier. (J'ai créé ce blog sur la route du sel)

Je voulais donc trouver des itinéraires possibles vers ce passage de montagne, appelé 'Hals' dans les anciennes descriptions de chemins. Il se trouve dans la commune d'Ampass, donc à l'est d'Innsbruck, et était certainement le passage historique, situé au sud de l'Inn, d'Innsbruck vers l'Unterland tyrolien. Et effectivement, un 'Halsweg' bifurque à droite dans le hameau d'Egerdach, tout près de la Hermann-Gmeiner-Akademie, et mène à Ampass. Ce devait être l'ancienne montée. Et le Pfaffensteig ? Il se termine également au 'Hals' d'Ampass, mais démarre déjà à la suite de la Luegenstraße. C'était quasiment le raccourci vers l'église paroissiale d'Ampass, où les moines de l'abbaye de Wilten devaient autrefois dire la messe. Ce qui est à peine imaginable aujourd'hui : Ampass était la paroisse à laquelle Wilten appartenait autrefois. L'emplacement du Pfaffensteig, qui est aujourd'hui en grande partie un chemin forestier, ne peut guère être le tracé d'une ancienne voie romaine. On ne sait pas si ce sentier était également utilisé par l'homme qui avait enterré un trésor d'or un peu en amont du chemin au 6e siècle.

Wilten était quasiment 'l'Innsbruck préhistorique'

Jusqu'à la fondation d'Innsbruck en 1180, Wilten était le centre spirituel et temporel incontesté au confluent de la Sill et de l'Inn. Aujourd'hui un quartier important d'Innsbruck, Wilten a été pendant des milliers d'années la dernière grande étape sur le chemin vers le sud à travers la crête principale des Alpes. Ou justement la première halte sur le chemin vers le nord. Dès le néolithique, il y a environ 2.500 ans, une colonie et un lieu d'holocauste se trouvaient sur le Bergisel, au-dessus de Wilten.

Après avoir conquis l'actuel Tyrol du Nord en l'an 15 après Jésus-Christ, les Romains ont construit un fort à 'Veldidena' et ont peu à peu développé la voie charretière rhétique qui existait à l'époque et qui passait par le Brenner. C'est ici, dans l'actuelle Wilten, que les voies se sont séparées : l'une menait vers l'ouest, via Zirl et Seefeld, en direction du nord et, par la suite, de l'actuelle Augsbourg. L'autre traversait la Sill à proximité immédiate du mont Isel et passait par l'actuelle Ampass, avec pour destination lointaine Ratisbonne. Les deux villes étaient des garnisons décisives sur le limes, que les Romains avaient, comme on le sait, érigé pour retenir les Germains.

A l'époque, l'Inn formait encore d'énormes méandres et coulait tantôt ici, tantôt là. Les voies de communication devaient donc, bon gré mal gré, suivre la pente pour être à l'abri des inondations de l'Inn. Et l'une de ces voies menait de Wilten, via l'actuel Egerdach, au 'Hals', le col d'Ampass délimité par le 'Burgstall', qui présente toutes les caractéristiques d'une colline de culte. L'église paroissiale Saint-Jean d'Ampass, avec son clocher séparé, en est un signe vivant.

Le fait qu'une église ait été fondée sur cette colline dès le 5e siècle après J.-C. est une preuve supplémentaire de l'existence d'une voie romaine à proximité. D'ailleurs, cela ressemble à l'église Laurentius d'Imst, qui a également été construite à proximité d'une voie romaine, la Via Claudia Augusta. La raison de cette hypothèse : le long des principales voies de communication romaines, la foi chrétienne s'est rapidement répandue après que l'empereur Constantin eut déclaré le christianisme religion d'État en 313. Cela a donné des ailes à la construction d'églises, y compris dans le Tyrol de l'époque.

La construction de la première église est certainement étroitement liée à la première vague de christianisation au 5e siècle. Le fait que la construction ait eu lieu précisément à cet endroit a une bonne raison : un cercle de pierres a longtemps existé sur le plateau de la colline, ce qui confirme l'importance cultuelle de cette colline, qui était parfois aussi appelée 'colline des palmiers'. Les pierres sont même encore indiquées sur la carte de Carl Urban et de ses collaborateurs, 'Inntal von Zirl bis Hall um 1840'. De plus, les découvertes archéologiques d'un champ de tombes au pied de la colline des palmiers renforcent l'hypothèse qu'il devait s'agir d'un important sanctuaire de croyances préchrétiennes.

Il n'est pas étonnant non plus qu'un clocher ait été érigé sur le même plateau en 1743, car une nouvelle cloche aurait probablement été trop lourde pour le clocher de l'église paroissiale. Elle pèse tout de même 2 408 kilos. Il s'agissait tout simplement de prolonger une tradition cultuelle très ancienne.

Ampass possède une autre église intéressante. Elle se trouve un peu en dessous de l'église paroissiale, sur la route historique du sel. Celle-ci menait du pont de Haller à Ampass, où il fallait franchir une marche abrupte pour rejoindre la route d'Aldrans. L'église dédiée à St. Veith est d'origine gothique et servait probablement de lieu de repos et d'offrande aux charretiers.

A travers la vallée du Herzbach jusqu'au lac Herzsee

La suite de la randonnée vers le Herzsee commence au Widum (c'est ainsi que l'on appelle les presbytères au Tyrol), qui se trouve en face de l'église paroissiale de Saint-Jean. Le bâtiment est une perle de l'architecture baroque et se trouve sur un petit plateau avec une vue incroyablement belle sur le massif du Bettelwurf.

La montée tranquille qui suit jusqu'au lac Herzsee passe par une petite vallée et fait partie des promenades aériennes et faciles avec une vue grandiose, qui vont de soi dans les montagnes moyennes au sud d'Innsbruck. Le lac Herzsee lui-même se trouve un peu au-dessus du centre du village d'Aldrans et était déjà mentionné dans le livre de pêche de l'empereur Maximilien Ier comme 'étang ou lac de Laibains'. Il est resté ce qu'il était : un immense et magnifique étang de pêche.

Le Herzsee n'est alors qu'à quelques minutes de l'arrêt de bus le plus proche au centre du village, ce qui le prédestine pour ainsi dire aux excursions.

Mon conseil de randonnée :

La randonnée sur les sentiers historiques est un mélange d'utilisation des transports en commun et de 'marche à pied'. Je peux vous recommander deux itinéraires.

Itinéraire 1 : Le Pfaffensteig

Le point de départ de la randonnée sur l'ancienne 'voie rapide' des moines de l'abbaye de Wilten vers Ampass est la station 'Luigenstraße' des transports publics d'Innsbruck. Le bus de la ligne C va directement de la Maria-Theresien-Straße à la Luigenstraße. De là, continuer à pied en direction de Pfaffensteig, qui part à droite vers Ampass environ 250 mètres après l'arrêt de bus. Jusqu'à environ 200 mètres avant d'atteindre le 'col', la randonnée se fait sur la route forestière qui se transforme ensuite en véritable 'sentier', c'est-à-dire qu'elle devient quasiment 'originale'. Ici, il faut faire un peu attention. Pas vraiment recommandé par temps de pluie. Durée de la marche : entre 30 et 45 minutes.

Itinéraire 2 : La route romaine

L'alternative au Pfaffenweg est une promenade sur l'ancien tracé de la voie romaine, c'est-à-dire sur le Halsweg. La ligne de bus 505 (direction Hall in Tirol, Milser Straße) part de la gare centrale et emmène les randonneurs jusqu'à l'arrêt 'SOS-Kinderdorf' à Egerdach. De là, il reste encore environ 200 mètres jusqu'à la bifurcation du Halsweg. La randonnée se fait sur une route goudronnée, au bout de laquelle un petit chemin mène au pied de la colline des palmiers. Temps de marche : entre 30 et 45 minutes.

Il est vivement conseillé de visiter l'église paroissiale Saint-Jean et son clocher avant de poursuivre la randonnée en face du Widum à travers la vallée du cœur. Je conseille de prendre le chemin goudronné qui permet d'atteindre le Herzsee après environ 1,5 heure de marche.

Cette magnifique randonnée se termine par une promenade au centre du village d'Aldrans, concrètement sur la place du village. De là, des bus ramènent à intervalles rapprochés les randonneurs désormais épris de culture à Innsbruck.